Le retour au bureau en vélo : un mode de transport écologique… mais vraiment économique pour les entreprises ?
Paris, le 8 juin 2021 – Alors que la fin du télétravail généralisé est prévue pour le 9 juin prochain, la question du retour au bureau et des nouvelles mobilités se posent aux entreprises qui souhaitent répondre à leurs enjeux environnementaux, notamment de décarbonation, et aux attentes de leurs salariés. En effet, certaines d’entre elles ont décidé de s’orienter vers des solutions innovantes et plus adaptées aux nouvelles habitudes de déplacements de leurs collaborateurs (trottinettes, vélos électriques, …). Déjà dans l‘édition 2019 du baromètre des mobilités durables Opinion Way-Athlon, 63% des salariés déclaraient vouloir passer aux mobilités durables pour se rendre au travail.
Applicable depuis 1 an (11 mai 2020), le forfait mobilité durable encourage cette tendance en incitant les salariés à se convertir aux mobilités douces à un coût accessible. Les entreprises pourront ainsi proposer un financement de 500€ annuels, défiscalisés et désocialisés, aux salariés qui optent pour des moyens de transport vertueux pour se rendre au travail. Pour autant, cette solution a-t-elle réellement permis aux entreprises d’accélérer ? Quels sont les dispositifs en place ? Sont-ils avantageux pour les entreprises ? Pour les salariés ? Quels sont les points de vigilance à identifier ? Quel budget prévoir ? …
Des entreprises qui ouvrent la voie aux nouvelles mobilités
Certaines entreprises témoignent un réel intérêt pour les nouvelles mobilités et notamment la location de vélos longue durée (LLD). Celles qui étaient en cours de réflexion avant la pandémie ont rapidement passé le pas. De plus, le Plan de Mobilité Employeur et le cadre légal favorable pour les salariés a mis un vrai coup d’accélérateur à cette nouvelle tendance.
Une accélération de la demande qui s’explique par plusieurs facteurs :
- Au départ, les problèmes de grèves des transports en commun;
- Depuis la pandémie, outre la crainte de prendre les transports en communs, le covoiturage est également moins sollicité;
- Et enfin, les investissements des régions dans les infrastructures pour les vélos, renforcent encore l’attrait de ce mode de transport.
Quels coûts pour l’entreprise et pour les salariés ?
C’est l’entreprise qui décide du coût du service. Celle-ci peut demander une contribution au salarié. L’entreprise fixe les conditions de prix plafond. Pour jouer la sécurité, mais aussi dans le but de responsabiliser le salarié par rapport au bien qui lui est mis à disposition, il est fortement recommandé aux entreprises de faire participer les collaborateurs au loyer, en prélevant une redevance sur son salaire (de 30% par exemple).
Le salarié paie, quant à lui, entre 15€ et 25€ par mois. Le tarif varie en effet en fonction du type de vélo choisi : pliant, classique ou électrique. La majorité des entreprises proposent cette solution à l’ensemble de leurs salariés, permettant ainsi de mettre tous les collaborateurs sur le même pied d’égalité. C’est une démarche d’équité très appréciée par les RH.
Quels sont les avantages fiscaux de la location de vélos longue durée ?
Exonéré d’impôts et de cotisations sociales, ce service est intéressant financièrement pour les employés soucieux de se rendre au travail en privilégiant des transports plus propres et bénéfiques pour l’environnement.
- Encadré par l’URSSAF
Cette mise à disposition d’un vélo représente un avantage en nature, au même titre que la voiture de fonction. Du fait que le salarié puisse profiter de son vélo également pour un usage à titre privé est assimilé à une rémunération en nature sur laquelle l’entreprise paye des cotisations au même titre que sur le salaire.
Mais depuis le 6 février 2020 l’URSSAF a pris position pour décider de ne plus prendre en compte le vélo de fonction dans le calcul de la rémunération. Ainsi, la mise à disposition d’un vélo de fonction n’engendre pas de charges supplémentaires. Une bonne nouvelle pour les employeurs qui peuvent ainsi optimiser leur fiscalité grâce au vélo et un cadre légal également favorable pour les employés (pas de charges sociales).
- Déduction fiscale de 25% sur l’IS
Depuis le 1er janvier 2019, une entreprise qui met à disposition des vélos pour ses salariés bénéficie d’une réduction d’impôt équivalente à 25% des frais engagés pour l’achat, la location ou l’entretien de la flotte.
La solution est soumise à une réduction fiscale de 25% (impôt sur les sociétés) qui est soumise à deux conditions :
- Se déclenche uniquement si LLD > 36 mois
- Si le salarié participe au maximum à 30%.
- Assurances : qui paye quoi ?
Si c’est l’entreprise qui impose le mode de transport c’est l’entreprise qui assure. En revanche, si le salarié choisit lui-même son mode de transport, c’est à lui de s’assurer.
Quels sont les freins et les points de vigilance pour les entreprises ?
- Le service de location de vélos peut être un budget (difficile à évaluer en amont) supplémentaire pour les entreprises (on observe néanmoins que parfois cela remplace le transport navigo)
- La question de la sécurité du collaborateur : les acteurs du secteur proposent des matériels fiables avec une solution intégrant la révision, la maintenance, l’entretien régulier et en option un module de e-learning qui sensibilise les collaborateurs au déplacement à vélo (imposé parfois par les entreprises) ; le casque peut être inclus et imposé dans la location.
- La sélection des vélos sur catalogue (pas simple, car il est souvent préférable d’essayer le vélo pour une bonne adaptation par rapport à sa morphologie) possibilité par certains acteurs de se rendre en magasin et de bénéficier de conseils d’experts; organiser la livraison des vélos sur site (certains acteurs gèrent directement ce point avec le client) ;
- L’accessibilité aux places de parking à velo sur le lieu de travail ainsi que les bornes électriques pour les vélos
Quid des autres moyens de transports ?
Le vélopartage : peu de succès auprès des entreprises en raison des travaux importants à faire sur le parking, la question des bornes en place, une dégradation plus importante, la question de la gestion de la maintenance.
Les trottinettes électriques : pas de demandes réelles liés au distance plus faibles effectuées avec les trottinettes.
Chloé Monthieu, experte Flotte Véhicules & Mobilités au sein du Groupe EPSA, se tient à votre disposition pour vous apporter un éclairage sur le sujet.
Chloé Monthieu accompagne les entreprises dans la définition d’une stratégie globale achats pour la mobilité, ainsi que la gestion du budget et les échanges stratégiques avec les fournisseurs. Avec plus de 6 ans d’expérience dans la catégorie des flottes automobiles, Chloé est aussi experte dans l’implémentation de solutions de mobilité (crédit mobilité, auto partage, private leasing). Après une formation comme Ingénier Généraliste à la HEI, Chloé Monthieu obtient son Mastère en Gestion Achats Internationaux en 2013 à la ESSEC. Elle rejoint le groupe EPSA en 2015 après avoir travaillé pour Christian Dior Parfums et Renault.