En 2021, avec une progression de +2%, le salaire des cadres marque le pas mais s’envole dans certains secteurs pour des profils devenus rares… et donc chers ! Pourtant, près d’un cadre sur deux (42%) ne s’estime pas rémunéré à sa juste valeur
19ème édition du baromètre Expectra des salaires cadres
- Le salaire des cadres progresse de 2% en 2021, dans une situation économique complexe
- Grand gagnant de l’effet crise, l’ingénieur logistique voit sa rémunération bondir de +8,3%
- Dans le Sud-Ouest, le salaire moyen des cadres augmente de +3,3%
- 42% des cadres aspirent aujourd’hui à une meilleure rémunération
Les résultats de la 19ème édition du baromètre Expectra des salaires cadres reflètent l’impact de la crise sanitaire. Avec une progression de +2% en 2021, contre +2,3 % en 2020, le salaire des cadres évolue peu, signe d’un marché jusqu’alors plutôt attentiste, les cadres comme les entreprises ayant fait preuve de prudence face aux incertitudes engendrées par la crise. Mais le scénario catastrophe d’un taux de chômage à 11% et de faillites en masse n’a heureusement pas eu lieu. Le marché de l’emploi des cadres est revenu à son niveau d’avant crise, avec plus de 900 000 offres publiées au 1er semestre 2021[1]. Et la reprise est là ! Si des secteurs comme l’automobile ou l’aéronautique tournent encore au ralenti, certains, comme le BTP, ont presque retrouvé leur activité habituelle quand d’autres, à l’image du e-commerce, battent des records. Les carnets de commandes se remplissent, les besoins de recrutement sont nombreux et les entreprises font face à une situation inattendue : une pénurie de cadres conduisant à une tension à la hausse des salaires. Le rapport de force employeurs/cadres semble ainsi pencher progressivement en faveur de ces derniers. De quoi leur donner le sourire ? Pour le savoir, Expectra a complété cette année son baromètre par une étude IFOP qui a pris le pouls des cadres, après plus d’un an d’un quotidien professionnel et personnel bouleversé. Si les cadres sont globalement satisfaits de leur situation professionnelle, ils sont plus d’un sur deux à être stressés (53%) et 42% d’entre eux estiment ne pas être suffisamment rémunérés.
[1] Selon SmartData, la solution du groupe Randstad qui analyse les données de 11 000 sites de recrutement
Des tendances salariales 2021 qui reflètent les effets de la crise sanitaire
Si l’année 2021 se révèle plus propice à la dynamique de l’emploi, après une récession historique en 2020, il faudra encore du temps avant de retrouver la croissance de 2019. Dans cette situation complexe, l’évolution des salaires des cadres marque le pas en 2021, avec une croissance moyenne de 2 %, contre 2,3 % en 2020 et 2,4 % en 2019. Le salaire médian des cadres s’établit ainsi à 47 877 euros en 2021. Au cours des 5 dernières années, le salaire des cadres a connu une progression globale de 11,6%.
En cette rentrée de septembre, les recrutements repartent à la hausse et un certain nombre de secteurs dont l’activité s’est maintenue, voire même développée avec la crise, affichent une progression salariale nettement au-dessus de la moyenne nationale.
C’est le cas des biens d’équipement (+2,6%), les Français ayant notamment mis à profit le confinement et le télétravail pour améliorer le confort de leur logement, soutenant ainsi l’emploi et les salaires du secteur. C’est également le cas de la banque et de l’assurance dont les salaires progressent en moyenne de +3,6% : le contexte économique a notamment accentué la pénurie de profils sur les postes déjà en tension comme l’expertise comptable ou l’analyse de risques. Le secteur du transport et de la logistique voit quant à lui son salaire moyen s’envoler de +3,9% : depuis le premier confinement, les plateformes de tri et de traitement des marchandises tournent à plein. L’essor du e-commerce a conduit les entreprises du secteur à accélérer leurs recrutements et à se disputer les profils les plus recherchés.
C’est donc logiquement la fonction d’ingénieur logistique qui bénéficie de la plus belle progression salariale en 2021, avec une augmentation moyenne de +8,3% de sa rémunération. Les fonctions RH, quant à elles, n’ont jamais été autant sollicitées avec la mise en place du télétravail, le déploiement du protocole sanitaire, le recours à l’activité partielle, etc. Le responsable ressources humaines enregistre le deuxième plus beau score de ce baromètre, avec une évolution de salaire de +7,5% (+3,3 % en 2020). Il est suivi de près par son bras droit, le gestionnaire RH, qui voit son salaire revalorisé de +6,8% (+2,8% en 2020).
Des régions qui tirent leur épingle du jeu, malgré la crise
En région, là où l’activité et les recrutements reprennent de plus belle, la pénurie de candidats s’accentue et oriente à la hausse les salaires.
Le Sud-Ouest, l’une des régions les plus impactées par la crise car très dépendante de l’aéronautique et du tourisme, voit néanmoins la rémunération moyenne de ses cadres augmenter de +3,3%. Cette performance propulse le territoire sur la première marche du podium. Cette hausse est notamment soutenue par la reprise des activités du spatial, par le dynamisme du BTP et par une forte tension dans le secteur de l’IT. Dans le Nord-Est, l’activité économique, très corrélée à celle d’importants bassins industriels, se redresse et permet à la région d’enregistrer une hausse des salaires de +2,8%. Exceptée l’Ile-de-France, 3ème du classement, dont l’évolution de +2,1% va dans le sens de la moyenne nationale, les autres régions voient le niveau de leur rémunération globale se stabiliser, avec des évolutions peu marquées, en deçà de +2%.
Pour Khaled Aboulaïch, Directeur général d’Expectra : « Dans un environnement économique de nouveau favorable, les entreprises veillent à conserver leurs effectifs et souhaitent recruter de nouveaux collaborateurs pour accompagner la croissance de leur activité. Je le constate chaque jour sur le terrain : la guerre des talents est déclarée ! Certaines compétences sont tout particulièrement recherchées et la tension sur ces profils fait logiquement grimper les salaires. C’est le cas des fonctions logistiques ou RH qui voient leurs niveaux de rémunération frôler la progression à deux chiffres ! Pour séduire des cadres encore attentistes, les entreprises vont devoir capitaliser sur les grands enseignements de la crise : le travail à distance, le sens du travail, le respect de l’équilibre vie professionnelle/vie privée et bien sûr la rémunération.”
En complément de l’analyse de l’évolution du salaire des cadres, la 19ème édition du baromètre Expectra s’est également penchée, avec l’aide de l’IFOP, sur le ressenti de ces derniers, qui, depuis plus d’une année composent avec les conséquences de la crise sur leur environnement professionnel.
Des cadres globalement satisfaits de leur situation professionnelle, mais…
Interrogés sur leur situation professionnelle actuelle, 84% des cadres du secteur privé se déclarent globalement satisfaits de leur sort. Plus des trois quarts des cadres estiment faire un travail utile (80%) et éprouvent une fierté d’appartenance à leur entreprise (79%). La très grande majorité (89%) de ceux qui sont managers souhaite continuer à encadrer une équipe, preuve que la gestion du télétravail n’a pas mis un coup d’arrêt à leur motivation ! Enfin, 72% des sondés se disent prêts à recommander leur entreprise à des proches.
Toutefois, plus d’un tiers des cadres (36%) estiment que leur travail n’est pas reconnu à sa juste valeur et que leur charge de travail est inadaptée. Plus d’un cadre sur deux (53%) déclare également être stressé professionnellement.
Enfin, à l’issue d’une année hors norme au cours de laquelle travail à distance et chômage partiel sont venus bouleverser le fonctionnement des entreprises, 66% des cadres souhaiteraient être davantage associés aux décisions stratégiques de l’entreprise et 29% des cadres font état d’une baisse de leur motivation, quand celle-ci reste stable pour 63% des sondés et progresse pour 8% d’entre eux seulement.
…des cadres qui pour certains ne tirent pas les fruits de leur engagement
Parmi les cadres interrogés, moins de 3 sur 5 (58%) se déclarent suffisamment rémunérés par leur entreprise. Qui sont ces cadres satisfaits ? Pour l’essentiel des managers (64% encadrent plus de 5 personnes), des cadres de la filière Ingénierie et Industrie (64%) et de la filière RH, Paie et Juridique (68%) et des cadres ayant moins de deux ans d’ancienneté (68%). Auxquels s’ajoutent ceux qui ont bénéficié d’une augmentation au cours des 12 derniers mois (67%).
Parallèlement, 42% des cadres estiment ne pas être suffisamment rémunérés. On trouve parmi eux une majorité de femmes (48%), de Franciliens (47%) et de collaborateurs de la filière Marketing et Commerce (47%). Les plus anciens dans leur entreprise (47%) et ceux qui n’ont pas obtenu d’augmentation au cours des 12 derniers mois (49%) expriment également leur mécontentement.
Moins d’un cadre sur deux (42%) a obtenu une augmentation au cours des douze derniers mois. Comment ont-ils fait ? 72% des cadres concernés déclarent qu’ils doivent cette augmentation à leurs bons résultats, bien plus efficaces pour arriver à ses fins que l’ancienneté (citée par 35% d’entre eux), la promotion à un poste avec plus de responsabilités (23%), la négociation (15%) ou la mobilité professionnelle (6%) à laquelle peu ont eu recours pendant la première année de la crise sanitaire.
Invités à se prononcer sur le pourcentage d’augmentation qui leur semblerait juste au regard de leur travail et de leur engagement, les cadres qui ne s’estiment pas suffisamment rémunérés avancent le chiffre de 18% d’augmentation moyenne. Un niveau d’attente élevé qui, pour être satisfait, devrait amener les cadres à sortir de leur zone de confort et à envisager une mobilité.
Méthodologies :
L’enquête IFOP a été menée auprès d’un échantillon de 1 003 personnes représentatif de la population cadre du privé âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée, secteur d’activité) après stratification par région. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 20 au 26 mai 2021. Le baromètre des salaires Expectra est construit à partir de l’ensemble des postes pourvus par Expectra (Intérim, CDD et CDI) de profils bac + 2 à bac + 5. La règle imposant qu’un salarié intérimaire soit rémunéré au même niveau qu’un salarié titulaire garantit une bonne représentativité des salaires. Au total, pas moins de 35 311 fiches de paie ont été analysées et enrichies de données SmartData représentant 136 qualifications dont 74 fonctions cadres et 62 fonctions ETAM (employés, techniciens et agents de maîtrise), sur les métiers de l’informatique, l’ingénierie, la comptabilité, la finance, la fonction RH, le juridique, le commercial et le marketing. Au global, ce sont plus de 7 062 entreprises qui sont représentées (68 % en province et 32 % en Île-de-France). Le baromètre présente les rémunérations (minimales, médianes et maximales) et les évolutions de salaire enregistrées sur 2021 vs 2020. Les montants des salaires sont indiqués en euros bruts. En savoir plus : expectra.fr @expectra_emploi |